Retour sur l’humain
Il est désormais reconnu que l’environnement bâti et la conception des lieux sont des éléments fondamentaux du renforcement des performances humaines et les choses évoluent, de manière significative, au sein de la communauté immobilière en réponse à cet état de fait. Cela pourrait-il représenter le début d'un abandon progressif du modèle traditionnel de retour sur investissement (ROI), au départ encadré par les coûts, pour parvenir à un modèle plus nuancé ?
Une nouvelle mesure du « retour sur l’humain » est en passe de s’imposer dans le monde de l'immobilier pour augmenter et améliorer le ROI typique des bâtiments. Ses principaux facteurs sont (i) la nécessité d'améliorer la santé et le bien-être des employés afin de réduire les coûts, d'accroître la productivité et d'améliorer la performance des entreprises, et (ii) la nécessité d'attirer et de fidéliser les employés les plus compétents.
Selon Scott Muldavin dans son article décrivant le cas financier pour le développement durable et EFFICACE des bâtiments, les programmes de bien-être des entreprises n’obtiennent pas le rendement attendu en termes de réduction des coûts liés à la santé car la participation est inférieure à 50 % dans la plupart des entreprises. Il affirme que les programmes incitatifs de bien-être coûtent environ 700 $ par personne et par an par rapport à un coût unique de 100-400 $ par personne pour mettre en œuvre la Norme de bien-être de l’immobilier et que cette dernière mesure est passivement bénéfique pour tous les occupants, et non seulement pour ceux qui participent activement aux programmes de bien-être.
Rex Miller, auteur de The Healthy Workplace Nudge, déclare dans un entretien d’un Podcast de The CONSTRUCTRR de Brittanie Campbell-Turner que la réduction du stress au travail est la réponse pour l’augmentation du bien-être. Il précise que 78 % des employés considèrent leur travail comme leur première cause de stress élevé ou très élevé.
Selon le Dr Amit Sood de la Clinique Mayo, le stress prédispose l’individu à l'aggravation de presque toutes les conditions médicales connues de l'humanité. Il explique que l’Organisation mondiale de la Santé considère le stress comme l’épidémie du 21ème siècle.
L'environnement bâti - et en particulier l'utilisation de fenêtres - peut jouer un rôle clé pour aider les gens à gérer et à réduire le stress en raison des effets positifs à la fois de la vue et de la lumière du jour sur les systèmes biologiques humains. Par exemple, le Rapport McGraw Hill Construction SmartMarket mentionne le manque de lumière du jour comme le risque numéro un sur le lieu de travail selon 36 % des psychologues et des psychiatres interrogés.
La société immobilière Cushman & Wakefield a créé un outil appelé « Experience per Square Foot™ » pour faciliter la saisie de la valeur et de la performance d'un lieu de travail du point de vue d'un employé et ainsi comprendre les domaines où des améliorations sont nécessaires du point de vue du propriétaire. Cet outil « d’expérience » intègre des initiatives du secteur de l'immobilier, de la technologie et des ressources humaines (RH). Selon Bryan Berthold, Directeur général de la stratégie en milieu de travail et de la gestion du changement chez Cushman & Wakefield, l'engagement des employés a atteint un niveau de 33 %. En conséquence, ses clients sont à la recherche d’un bien immobilier et d’un lieu de travail permettant de mieux fidéliser les employés tout en développant les performances commerciales. De manière plus fréquente, les départements RH doivent également expliquer aux employés potentiels les raisons pour lesquelles ils apprécieraient de travailler pour leur entreprise. L’immobilier de bureau est devenu le reflet de la marque et des valeurs d’une entreprise et est essentiel à cette proposition de valeur.
Des entreprises éclairées, comme Google et Genentech, ont déjà des groupes qui travaillent sur l’avant-garde du confort au travail. Ils collaborent avec des organismes de recherche tels que le Center for the Built Environment (CBE) de l'Université de Californie, à Berkeley ; et le Windows and Daylighting Group au Laboratoire national Lawrence-Berkeley (LBNL). Le programme de partenariat industriel du CBE combine l'expertise de l'industrie, la pratique architecturale et la recherche universitaire pour produire des données d’utilité mondiale sur l'impact du confort au travail, sur la manière d’évaluer ce niveau de confort et sur les activités à mettre en place pour y parvenir. L’outil FLEXLAB® du LBNL a permis à Genentech d'optimiser une nouvelle conception de la façade facilitant l’apport de lumière du jour et de confort avant d’entreprendre la construction.
Il y a quelques années, des postes de gestionnaires ont été créés dans le domaine de la technologie et des ressources humaines afin de refléter leur importance croissante au niveau de la direction. Est-ce que le prochain poste créé sera « directeur immobilier » ? L’accroissement de la place de l'environnement bâti dans la stratégie commerciale permettra de mieux attirer l'attention sur l’impact de l'espace de travail sur la productivité et la fidélisation des employés. Cela nous amène à plaider en faveur de façades et de vitrages hautes performances fournissant un éclairage naturel sain, synonymes d’espace de travail confortable et productif, et de bâtiment à faible consommation énergétique.